São Paulo
Document d‘entrée – Séminaire de São Paulo: “Democracia y justicia social”

Pour nous en tant que progressistes, sociaux-démocrates et socialistes, la liberté, la justice et la solidarité représentent des valeurs et des principes fondamentaux. C’est pourquoi notre idée de la démocratie n’est pas neutre, c’est celle de la démocratie sociale.

 

 

La démocratie est sous pression partout dans le monde

Dans les années qui ont suivi la fin des dictatures militaires en Amérique latine ou de la guerre froide en Europe, la démocratie est certes devenue plus attractive et une vague de démocratisation s’est déclenchée dans de très nombreux pays. Mais dans la majeure partie des pays, cette démocratisation n’a pas entraîné un développement continu des institutions démocratiques et de la culture. En vérité, le développement démocratique semble être bloqué dans de nombreux pays, la limitation des droits de liberté des citoyens ou le manque de contrôle du pouvoir exécutif sont devenus endémiques. La légitimation des jeunes démocraties s’érode car elles n’ont pas su répondre aux espoirs fondés sur la participation, la justice sociale et la sécurité. Dans toujours plus de pays, la démocratie est mise sous pression sur plusieurs fronts :

 

Nos défis

De plus en plus de décisions politiques ne sont plus prises par des représentants élus, mais forcées par les marchés voire imposées par les états par l’intermédiaire d’institutions supranationales qui ne sont pas légitimées. Une réaction à cette situation est la « démocratie conforme au marché », qui n’essaie plus d’évaluer, de traiter et, le cas échéant, de modifier politiquement les résultats des processus économiques dictés par le marché, mais adapte la collectivité aux besoins du marché.

 

En tant que progressistes, sociaux-démocrates et socialistes, nous nous sommes efforcés au cours des dernières années de réhabiliter l’état et de le remettre sur les rails face à la surpuissance des marchés. Nous allons devoir intensifier nos efforts pour développer de nouvelles institutions et formes de participation. En effet, une large participation s’impose et des décisions rapides doivent être prises. C’est la quadrature du cercle et c’est ici que des innovations sont urgentes. On trouve actuellement toute une série d’innovations dans les pays émergents et les pays en développement : des audits publics, des budgets participatifs, etc. Pour une démocratie sociale durable, des institutions démocratiques doivent être créées là où la démocratie est mise en œuvre concrètement. Elles doivent intervenir dans les domaines de la vie courante et les forces progressistes, sociales-démocrates et socialistes doivent y être présentes et agir sur les milieux de vie.

L’histoire montre que ce qui importe vraiment, ce sont les partis progressistes de gauche et des syndicats combatifs ainsi que la société civile engagée. Ceux-ci sont nettement plus difficiles à mettre en place que des mouvements spontanés et bien souvent éphémères. Un véritable changement au niveau des majorités politiques dans les parlements ne pourra être instauré que s’il est précédé par une politisation des sociétés et si celles-ci peuvent participer à la prise de décision. Cependant, le (contre) pouvoir démocratique ne peut se développer durablement que s’il peut s’appuyer sur des organisations comme les partis, les syndicats et la société civile pouvant agir dans les institutions centrales de la société.

Grâce aux mouvements sociaux et aux manifestations dans le monde entier déclenchés en réponse à l’inégalité croissante, non seulement la question démocratique mais également la question sociale ont été replacées au cœur des débats sociaux. Le degré d’inégalité est aujourd’hui un facteur décisif pour la prospérité économique, la mobilité sociale, la diminution de la pauvreté, la cohésion de la société et la participation politique. La lutte contre l’inégalité est une mission centrale pour les années à venir, car il sera moins décisif pour la constitution future du monde si la globalisation continue d’enfler la prospérité des (sociétés) riches que si nous parvenons à réduire les différences sociales, économiques et environnementales et à renforcer la cohésion sociale des sociétés.

 

Démocratie et justice sociale pour tous

Au cours des dernières années, la question de l’égalité sociale et de la démocratie s’est également posée à d’autres niveaux : dans les rues et sur les places de ce monde. Les manifestions à Tunis et au Caire, à Madrid, New York, Istanbul expriment toutes, malgré leur différence, un malaise dans leurs sociétés, l’indignation face à l’inégalité sociale et elles ont montré clairement que les autres moyens de s’exprimer sont coupés. Les manifestations concernaient à la fois la question sociale et la critique envers les dysfonctionnements sociaux, un coût de la vie bien trop élevé, l’absence de perspectives en raison du chômage, des emplois précaires et un système d’éducation en piteux état ainsi que la critique envers des styles de gouvernance toujours plus autoritaires, soit sous la forme de régimes de modernisation corrompus ou, en ce qui concerne la zone euro, une gestion de la crise en Europe qui n’est plus sous contrôle majoritairement démocratique. La protestation politique redevient une manifestation de la vie, l’engagement politique devient de plus en plus une question existentielle.

Notre objectif est que l’économie soit à nouveau ancrée démocratiquement dans la société et qu’elle soit contrôlée par cette dernière. Cette réussite permettra de déterminer si nous aurons à nouveau la démocratie sociale.

Nous défendons une politique en faveur de la démocratie et de la justice sociale pour tous.