Au 21e siècle les Progressistes continuent à s’engager pour la justice sociale et l’égalité afin de faire de ce monde un monde meilleur où la richesse est distribuée de manière plus equitable. Mais la réalité est que toujours plus de 80 pour cent de la population mondiale vit dans la précarité sociale et sont sans ressources si une crise personnelle ou économique surgit. Plus de la moitié de la population du globe vit dans une pauvreté extrême ou sous sa menace; des millions d’enfants décèdent chaque année de causes évitables; des millions de citoyens âgés sont menacés par la pauvreté, la misère et la maladie. Les retombées de la crise économique mondiale ont révélé encore plus crûment les inégalités socio-économiques affectant de larges pans de la population. Les inégalités croissent dans de nombreuses régions du monde et les dispositifs pour y remédier sont mis en œuvre trop lentement ou sont à courte vue. Or cet état des choses n’est pas inéluctable, une action collective et résolue peut le modifier.
Ces dernières années, des protestations et émeutes ont eu lieu sur la planète entière. Par-delà toutes leurs différences, ces mouvements ont en commun de placer le développement de la démocratie et de la justice sociale au cœur de leurs conflits. La question sociale est à nouveau d’actualité dans le monde entier.
Dans les pays arabes, cette question sociale pressante a même provoqué la chute de systèmes autoritaires établis depuis longtemps. Les inégalités sociales – outre la question démocratique – faisaient précisément partie des motifs principaux des révolutions de ces dernières années. Les recettes élevées provenant des gisements de pétrole, les transferts d’argent étatiques, en premier lieu depuis les pays du Golfe, mais aussi des États occidentaux, ainsi qu’un programme économique néolibéral ont conduit à ce que dans la plupart des États de la région les élites gouvernementales et économiques, étroitement liées entre elles, n’ont cessé de s’enrichir pendant des années, tandis que la majorité de la population restait pauvre. Corruption et népotisme, alliés à des systèmes de pouvoir autocratique, ont écarté une grande partie de la population de la participation à la vie politique et économique. L’absence d’une politique active de l’emploi et le manque de protection sociale continuent à contribuer massivement au sentiment d’injustice et d’exclusion. Un peu partout, l’espoir d’une ascension sociale par l’éducation a été déçu. Ce phénomène touche tout particulièrement les jeunes de la région, qui ont été l’un des moteurs des révolutions dans lesquelles ils ont articulé leur insatisfaction et leurs désirs d’une participation sociale et économique accrue. Une grande partie des populations arabes, en Tunisie et en Égypte par exemple, a moins de 35 ans et n’a connu, jusqu’à leur chute, que les régimes de Ben Ali et de Moubarak. Un processus démocratique ne pourra s’instaurer durablement que s’il s’accompagne d’une amélioration de la situation sociale de beaucoup de gens. En de maints endroits cela implique un nouveau contrat social, qui ne renouvelle pas seulement la confiance des citoyens dans l’État, mais établisse des rapports fondamentaux positifs.
Toutefois, les périodes de crise peuvent donner lieu à des époques de renouveau dans lesquelles se déroulent des processus d’apprentissage sociaux et un changement des mentalités politiques uniquement s’il est possible d’identifier et de percevoir des alternatives. C’est pourquoi nous ne devons pas restés pétrifiés devant les défis considérables ; il nous faut parvenir à surmonter notre stupeur et à formuler des chances concrètes de changement. Il y a beaucoup à critiquer dans nos sociétés, mais elles renferment aussi un potentiel de solidarité et d’émancipation. Il est ainsi d’autant plus important que les partis, les syndicats et les organisations de la société civile endossent le rôle de locomotive et fassent avancer la discussion et l’élaboration d’alternatives. Nous avons besoin de solutions concrètes, qui prennent en compte les problèmes actuels tout en adoptant une vue plus large et deviennent ainsi la pierre angulaire de sociétés socialement plus justes.
La protection sociale est l’un des fondements cruciaux d’un développement inclusif, juste et durable. Elle est un élément central d’une stratégie de croissance à long terme et conjointement un bouclier contre les crises personnelles et sociales. La communauté internationale a longtemps négligé d’attirer l’attention sur le droit humain à la protection sociale. La crise économique et financière internationale a remis cette question à l’ordre du jour international. Là où des systèmes de protection sociale existaient, ils ont été considérés comme un pilier important de la lutte contre la crise – ce qu’a même reconnu le G20.
Le concept de « socles de protection sociale » (Social Protection Floor) présenté par l’OIT en 2009 a pris de l’importance ces dernières années, que ce soit à l’échelle internationale ou dans un contexte national. Une première étape importante a été l’adoption de la recommandation sur les socles de protection sociale lors de la Conférence internationale du travail de Genève en 2012. L’engagement volontaire des 185 États membres de l’OIT représente une grande chance de promotion mondiale de la justice sociale par la création et le développement de systèmes de protection sociale. L’objectif est de mettre en œuvre la protection sociale de tous les citoyens, tout particulièrement celle des membres les plus faibles de la société et des personnes actives dans le secteur économique informel. La mise en place de systèmes de protection élémentaire favorise la justice sociale parce qu’ils réduisent la pauvreté, permettent un accès aux soins de santé, promeuvent l’égalité entre les sexes et améliorent l’accès à l’éducation des enfants.
La recommandation prévoit que les socles nationaux de protection sociale doivent au moins comprendre les quatre garanties fondamentales de protection sociale suivantes, définies à l’échelle nationale:
Une première étape importante est d’instaurer des socles de protection sociale dans les domaines où la protection sociale n’existe pas ou est déficiente, afin d’arriver à mettre en place des systèmes de sécurité sociale plus vastes.
Les socles de protection sociale ne constituent pas un objectif final de protection sociale, ils posent une base d’édification et de développement par étape des systèmes de protection sociale.
Les socles de protection sociale sont une option politique réaliste permettant à de très nombreux pays d’instaurer une protection sociale fondamentale, portée par toutes les couches de la population et qui à moyen terme ne protège pas uniquement les individus contre les risques sociaux, mais éradique les inégalités.
Les socles de protection sociale constituent une première étape concrète sur la voie de sociétés plus justes ; d’autres doivent suivre. Comme progressistes nous nous engageons à contribuer au renforcement sur le plan national, regional et local.
La protection sociale des personnes âgées, des malades, des enfants et des membres de la société qui ne sont pas en état de travailler est la base de la cohésion sociale.
La protection sociale est la base de la participation politique.
La protection sociale est la base du développement économique et démocratique.
Social La protection sociale est un droit humain.