Voici la déclaration des sept membres d’une délégation de l’Alliance
Progressiste (AP) et du Parti socialiste européen (PSE) qui se sont
rendus cette semaine à Manille afin d’évaluer la situation et de faire
preuve de solidarité et de soutien à la démocratie aux Philippines.
La délégation était composée de Konstantin Woinoff (coordinateur,
Alliance Progressiste), Giacomo Filibeck (secrétaire général adjoint,
Parti socialiste européen), Emilia Töyrä (députée, Suède), Thomas O.
Melia (vice-secrétaire d’État adjoint à la démocratie et aux droits de
l’homme au sein du gouvernement de Barack Obama), Arne Lietz
(député au Parlement européen, Groupe S&D), Conny Reuter
(secrétaire générale, SOLIDAR), et Ben Maxfield (Parti travailliste
australien). La délégation a rencontré des leaders politiques de divers
partis, des dirigeants d’organisations civiles et rendu visite à des
communautés à Caloocan et Navotas.
Nous, les sept membres de la mission des droits de l’homme de
l’Alliance Progressiste (AP) et le Parti socialiste européen (PSE),
sommes extrêmement préoccupés par l’augmentation du nombre de
crimes commis dans le cadre de la campagne du président Rodrigo
Duterte contre les drogues illicites.
Les meurtres de personnes accusées, sans preuve ni jugement, d’être
impliquées dans le trafic de drogue s’est poursuivi sans relâche, et ce,
même au cours de ces derniers jours. Cependant, le gouvernement
des Philippines continue de nier les faits face à la communauté
internationale.
La campagne du gouvernement est entachée de graves violations des
droits de l’homme et nous craignons qu’elles soient encouragées par
le président en personne dans ses discours officiels. Les victimes de
ces meurtres sont les plus vulnérables, à savoir les jeunes et les
pauvres.
Nous sommes également préoccupés par les efforts agressifs
qu’entreprend le gouvernement pour faire taire les contestations de
ceux qui résistent courageusement à ces exécutions extrajudiciaires.
Nous condamnons avec véhémence l’augmentation des cas de
persécutions politiques des critiques de la campagne tristement
célèbre du président Duterte.
Les accusations absurdes contre la sénatrice du parti Akbayan, Risa
Hontiveros, qui critique haut et fort les opérations anti-drogue
meurtrières de Duterte, est un autre exemple éloquent de la manière
dont le gouvernement fait systématiquement taire les contestataires
dans ce pays.
De telles accusations inventées de toutes pièces font suite aux
attaques misogynes similaires dont les femmes font l’objet quand
elles critiquent le gouvernement : cela va de l’emprisonnement
arbitraire de la sénatrice Leila De Lima, experte en droit hautement
estimée et ancienne secrétaire d’État à la Justice, suite à des chefs
d’accusation absurdes, aux diverses menaces proférées à l’encontre
des dirigeantes de la Cour suprême et de l’Office de l’ombudsman.
L’église catholique est aussi la cible de persécutions car elle est
proche des gens et soutient particulièrement les pauvres qui sont très
souvent victimes des tueries généralisées.
Si le gouvernement des Philippines souhaite rester attaché aux
valeurs démocratiques, il doit cesser toute forme de harcèlement
politique contre l’opposition politique pacifique.
La responsabilité incombe incontestablement au président Duterte. Si
Duterte poursuit sa sanglante campagne contre les drogues ainsi que
ses persécutions politiques agressives, il sera responsable de la
dégradation des relations avec la communauté internationale, notamment au regard du prochain examen du Schéma de Préférences
Généralisées (SPG), un instrument commercial particulier qui permet
à environ 6 200 produits philippins d’entrer sur le marché de l’UE hors
taxe. Si les normes des droits de l’homme ne sont pas respectées, cela
entraînera des conséquences sur l’inclusion des Philippines au sein de
ce système commercial particulier de l’UE.
C’est la raison pour laquelle nous réitérons nos appels à ce
gouvernement pour qu’il mette immédiatement fin aux tueries et
permette aux Nations unies d’enquêter dans des conditions
acceptables. Le gouvernement doit tenir responsable les officiers de
police coupables d’avoir abusé de la force lors des opérations de
grande envergure dites « one-time big-time » et traiter le problème
de la drogue à travers le prisme des droits de l’homme et d’une
approche sanitaire.
Nous exhortons également le gouvernement à cesser toute tentative
hostile de faire taire les personnes qui osent résister à la guerre que
mène le gouvernement contre les drogues. La voix du peuple ne doit
jamais être réduite au silence !
Au sein de l’Alliance Progressiste et du Parti socialiste européen, nous
nous engageons à surveiller de près la situation. La communauté
internationale s’unit en faveur de la démocratie et des droits de
l’homme !