Chaque société et chaque personne ont besoin du travail de care. C’est lui en premier lieu qui rend la vie possible. Le travail de care, tout autant pour soi-même que pour les autres, peut englober de nombreux secteurs différents : les soins, l’enseignement, l’éducation des enfants et dans de nombreuses régions, la santé, le logement, l’alimentation en eau et en électricité et la production de denrées alimentaires.
Le travail de care est fortement attribué aux femmes et également effectué par elles. Cette répartition inégale est l’une des causes principales de l’inégalité entre les genres, sur le marché du travail comme dans l’économie et l’industrie. Dans certains pays, le pourcentage de femmes qui ont un emploi rémunéré est en augmentation et la discrimination dans l’éducation et dans le monde du travail a baissé. Mais la double charge de travail rémunéré et de travail de care touche tout particulièrement les femmes. Le travail de care est inégalement réparti entre les femmes et les hommes. Il n’est pas vu comme une tâche pour tous dans la société et très souvent, il n’est pas considéré comme un secteur viable de l’économie. Bien qu’aucune communauté ou économie ne peut exister sans travail de care, l’économie officielle ne tient pas compte de ce dernier. Il reste une ressource invisible dans la sphère privée.
En plus de cela, la « migration du care », une forme spécifique du partage du travail au niveau mondial qui contribue à la répartition du travail de soin entre des femmes ayant des origines géographiques et sociales différentes, est également un aspect important de la crise internationale en matière de soins. L’OIT estime à environ 100 millions les employés domestiques dans le monde, ils sont nombreux à être employés illégalement, mal payés et socialement isolés.
Nous ne pouvons pas contempler ce phénomène sans reconnaître la dimension du genre. Avec 48 % de femmes au niveau international, la migration de la main-d’œuvre est de plus en plus féminine. La plus grande partie des travailleuses immigrées sont des employées domestiques. Elles sont un des groupes les plus importants et les plus vulnérables. Un grand nombre d’entre elles ont des enfants et des parents non autonomes chez eux. En outre, une grande partie du travail de care se situe dans l’économie informelle, avec son manque de protection des travailleurs, des salaires insuffisants pour vivre, l’absence de congés maternité ou payés ou encore de retraite.
Des inspections du travail sont nécessaires pour garantir leur protection et éviter toute forme d’esclavage moderne. Nous savons que 14 pays dans le monde ont ratifié la convention de l’OIT 189 concernant le travail décent pour les travailleuses et travailleurs domestiques. Nous appelons les états à ratifier sans délai la convention de l’OIT 189 concernant le travail décent pour les travailleuses et travailleurs domestiques, à harmoniser les législations nationales en conséquence et à en superviser la mise en place, notamment par le biais de rapports parallèles de la société civile.
En plus de ces mesures spécifiques visant à améliorer les vies de nombreux travailleurs dans le domaine de care, des modèles viables de progression doivent encourager l’égalité des genres et promouvoir la répartition juste du travail de care entre les femmes et les hommes. Un concept unidimensionnel de l’économie détruit les fondations sociales de nos sociétés. Nous n’avons pas seulement besoin d’une politique sociale tangible, mais également de la perspective d’un changement fondamental. Comment ce travail peut-il être réparti de manière juste ? Comment peut-il obtenir plus de considération, être mis en valeur et mieux organisé ? Comment peut-il être pris en compte dans les indicateurs économiques et sociaux et rendu plus « visible » ? Avec ces questions, le travail de care devient le point de départ d’une économie durable et égalitaire entre les genres.
Les partis progressistes, sociaux-démocrates et socialistes en coopération avec le mouvement global pour les femmes doivent par conséquent mener une lutte légale et sociale pour l’égalité des droits et des chances. Cela demande notre attention en permanence. Voilà pourquoi l’égalité des genres en général, et plus précisément en relation avec le travail décent, où le travail de care est réparti de façon juste entre les genres doit être une priorité sur l’agenda politique. En tant que progressistes, nous nous engageons pour cette cause !
L’émancipation des femmes et la lutte pour l’égalité des droits et des chances représentent une tâche majeure pour la démocratie sociale et sont au cœur de notre mouvement. Elles ne sont pas limitées par des frontières territoriales, religieuses ou socio-culturelles.