L’Alliance Progressiste condamne le parti-pris contre les pauvres de la campagne contre la drogue aux Philippines et exhorte le gouvernement de Rodrigo Duterte à sévir face à l’augmentation alarmante d’exécutions extra-judiciaires résultant de cette campagne.
Nous reconnaissons qu’une majorité d’électeurs a choisi de manière incontestable Rodrigo Duterte comme Président des Philippines, après une course électorale serrée, que les observateurs, dont notamment l’IOM (International Observers’ Mission), ont généralement qualifiée de pacifique, considérant le résultat comme tout à fait légitime.
Nous reconnaissons qu’un des principaux piliers de la campagne de Duterte portait sur l’éradication de la drogue et de la criminalité. Cet aspect a captivé l’esprit de l’électorat, contribuant au succès de cette campagne et propulsant le candidat à la présidence.
Nous constatons que de nouveaux rapports ont émergé, juste après la victoire de Duterte, laissant entendre que des individus suspectés d’être impliqués dans le trafic de drogues, qu’ils soient consommateurs ou trafiquants, ont été tués par des assaillants, puis, plus tard, lors d’opérations de police.
Nous constatons que jusqu’à la première quinzaine du mois de septembre, plus de 3000 morts avaient été signalés, ce qui revient à 46 morts par jour, ou encore à un mort toutes les 30 minutes. C’est le chef de la police des Philippines en personne qui a communiqué les directives à la police, imposant d’obtenir 1,8 millions de capitulations dans les six mois, ce qui laisse supposer qu’il y aura encore plus de morts.
Nous sommes inquiets à l’idée que des individus et des groupes qui se sont fermement engagés contre ces exécutions se voient attaqués avec acharnement et sont perfidement catalogués comme des personnes indulgentes soutenant les barons de la drogue. C’était notamment le cas du Président de la Commission des droits de l’homme et de la Commission de la justice du Sénat, qui a ouvert une enquête sur ces exécutions.
Nous observons que des attaques similaires ont été perpétrées contre notre parti frère Akbayan et ses dirigeants, notamment la Sénatrice Risa Hontiveros, le représentant Tom Villarin, la présidente émérite Etta Rosales, ainsi que Sylvia Estrada-Claudio, membre du Comité exécutif, suite à leurs déclarations publiques contre la guerre contre la drogue où ils ont pointé du doigt les exécutions.
Nous sommes inquiets de voir que les leaders et les gouvernements moins enclins envers le droit à la vie, la dignité, la démocratie et les droits de l’humain en matière de sécurité dans la région et partout dans le monde, se servent du succès dévoyé de la politique de Duterte comme prétexte pour abuser du pouvoir exécutif et légitimer des exécutions inhumaines et sauvages, tout en proposant un appui politique populaire, ce qui revient à une régression dans la lutte mondiale pour le respect des droits universels de l’humain.
Nous, les différents partis politiques de l’Alliance Progressiste, proclamons notre ferme opposition à toute campagne contre la drogue mettant en avant l’usage de la violence et le mépris gratuit des règles juridiques et du respect de procédures établies, et lançons l’appel suivant au Président Duterte et à son administration :