Par Convergence pour la démocratie sociale (CPDS), Guinée équatoriale
Le 20 mars 2020, le gouvernement de la République de Guinée équatoriale a créé le Fonds national d’urgence pour les coronavirus et a adopté d’autres mesures pour lutter contre cette pandémie.
Bien que Convergence pour la démocratie sociale (CPDS) ait soutenu cette initiative, elle a estimé que le montant de 5 milliards de francs CFA apporté par l’Exécutif était absolument insuffisant, et les conditions de son utilisation n’ont pas été précisées. Pour cette raison, la CPDS, en tant que partie intégrante de la société équatoguinéenne et acteur politique nécessaire dans le pays, a envoyé au gouvernement un paquet de 19 mesures pour rendre efficace la lutte contre la pandémie de coronavirus, dont les conséquences se font déjà sentir dans le pays.
L’une des mesures adoptées par le gouvernement, et soutenue par le CPDS, pour freiner la propagation de la maladie est la fermeture des lieux de rassemblement de la population, tels que les centres éducatifs et religieux, les transports publics, les bars et autres lieux de loisirs. En d’autres termes, les activités dont vit la grande majorité de la population.
Cette mesure a eu, comme résultats immédiats, que :
• Les vendeurs de produits agricoles n’ont pas de marchandises car il n’y a pas de transport ,
• Les travailleurs indépendants, tels que ceux du secteur des transports, des bars et des lieux de loisirs, ont cessé de percevoir les revenus que leurs activités leur procuraient ;
• Les enseignants des écoles privées, parce qu’ils ne peuvent pas travailler, ne perçoivent plus leur salaire.
Comme prévu, les conséquences logiques de cette mesure n’ont pas tardé à se faire sentir :
• Des familles entières à la maison, sans rien à manger ni à payer leurs médicaments en cas de maladie, les premières victimes étant les enfants.
• Des femmes avec des enfants qui mendient aux portes des banques, des supermarchés et dans les rues de Malabo et de Bata.
D’autre part, les mesures d’hygiène, telles que le lavage des mains au savon et aux désinfectants, ne peuvent être respectées en raison du manque d’eau courante et de désinfectants. Et les prix des transports ont augmenté de 300% à l’intérieur du pays.
Pendant ce temps, le gouvernement reste passif, ne parlant que de ses réunions quotidiennes, mais sans résultats concrets, et le président de la République, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, suit depuis son village les nouvelles de l’urgence sanitaire qui a déjà touché une quinzaine de personnes dans le pays, dont quatre infectées localement, selon des sources du ministère de la santé lui-même.
Face à cette situation critique, le CPDS exige que le Président de la République, en tant que chef du gouvernement en même temps (les postes sont lourds), prenne la tête de la lutte contre le coronavirus et que l’Exécutif de Guinée Equatoriale :
• Initier d’urgence la distribution de nourriture à toutes les familles nécessiteuses, afin d’éviter une tragédie humaine d’une ampleur incalculable dans le pays.
• Reporter le paiement des factures d’électricité des familles, au moins pendant la durée de la crise.
• Réduire le prix du carburant pour les véhicules à moteur.
• Payer les salaires des enseignants non civils travaillant dans les écoles privées, en plus de maintenir les salaires des autres fonctionnaires.
• Fournir des réservoirs ou des conteneurs d’eau pour faciliter l’hygiène dans les zones les plus nécessiteuses des villes de Malabo et Bata et du reste du pays.
• Equiper les hôpitaux et acquérir le matériel nécessaire pour la protection des toilettes, le dépistage et le traitement des personnes infectées.
• Recruter tous les diplômés de l’école de médecine de l’UNGE et tous les médecins formés à l’étranger qui sont au chômage.
• Appeler la Croix-Rouge, les missions diplomatiques et les organisations internationales à aider le peuple de Guinée équatoriale à faire face à la crise, en faisant des dons massifs de nourriture et en envoyant des médicaments et du personnel médical.
• Exiger que les ministres et les députés du PDGE, habitués à distribuer des verres de riz et des kilos de pois à la population pour demander son vote au moment des élections, continuent à distribuer cette nourriture aux plus démunis en ces temps difficiles.
• Exiger que les riches hommes et femmes du régime mettent leurs ressources à la disposition du gouvernement pour atténuer les effets de la crise, car ces richesses appartiennent au peuple de Guinée équatoriale.
• Ne pas profiter de cette situation difficile pour permettre à la famille du Président et aux milieux politiques de faire des bénéfices grâce à la location d’hôtels, aux services et à la réception illégale de dons de sociétés et de particuliers.
Le gouvernement de la Guinée équatoriale ne peut plus s’accrocher à l’excuse de la crise économique, car, au cours des 20 dernières années, ce pays a été le troisième producteur d’hydrocarbures en Afrique subsaharienne, ce qui, selon les mots du président de la République lui-même, “a fait de la Guinée équatoriale l’un des pays les plus développés du continent africain et l’envie du monde entier”.
Le CPDS indique clairement que le développement d’un pays et la force de son gouvernement se mesurent à sa capacité à mobiliser des ressources en cas d’urgence nationale en répondant aux besoins de sa population. Le gouvernement équatoguinéen doit prendre soin de son peuple et empêcher que quiconque ne souffre de la faim.
Malabo, 2 avril 2020
LE COMITÉ EXÉCUTIF NATIONAL